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… pour faciliter les ajustements autour de la nouvelle organisation et booster le dialogue direction-cadres


Retour d’expérience avec Nicolas Eglin, directeur général, sur un accompagnement au changement sur-mesure que j’ai déployé avec une consoeur au sein des PEP 69.

Entretien réalisé par Caroline Moretti.

« En tant que nouveau DG cet accompagnement m’a surtout permis de prendre appui sur une dynamique collective, avec le CODIR et l’ensemble des cadres, pour travailler sur les impacts de la réorganisation (…) Cela nous a rendu plus à l’aise pour réfléchir collégialement. »

Nicolas Eglin, parlez-nous des PEP 69 et du rôle que vous y jouez

L’association Les PEP 69 compte 425 salariés, une vingtaine de structures essentiellement basées dans le Rhône et environ 1500 jeunes accompagnés. Nous agissons principalement dans le domaine médico-social : accompagnement d’enfants en situation de handicap (avec un pôle important sur la déficience visuelle), d’enfants présentant des troubles du comportement (avec en particulier trois DITEP).

Nous avons également un dispositif Protection de l’Enfance (avec surtout deux internats sociaux scolaires), un dispositif d’accueil de MNA et une crèche accueillant un tiers d’enfants malades ou handicapés.

Depuis le 1er septembre 2021, je suis le DG des PEP 69, où je travaille depuis une dizaine d’année.

« Le fait d’avoir appris à travailler ensemble tout au long de ce processus nous a rendu plus à l’aise pour réfléchir collégialement à notre organisation et voir comment l’ajuster dans l’avenir. »

Quelles raisons vous ont amené à faire appel à Nicolas Maigrot ?

Au 1er janvier 2019, Les PEP 69 ont fusionné avec l’OLPPR qui œuvrait dans le domaine du handicap. Cette fusion nous a quasiment fait doubler de taille et a posé de nouveaux défis, notamment celui d’harmoniser des organisations bien différentes qui existaient dans les deux associations.

Un nouvel organigramme décidé par le conseil d’administration a bouleversé la structure de nos deux associations. Il a fait émerger un comité de direction

resserré et un positionnement différent du DG, avec une forte délégation aux trois directeurs de secteur. De nouvelles fonctions d’encadrement sont apparus, d’autres ont disparu.

Nous devions renforcer la cohésion du comité de direction, constitué de membres issus de deux cultures associatives différentes. Nous avions besoin d’apprendre à collaborer et à nous faire confiance pour porter ensemble le projet de l’association.

« En sortant des séminaires CODIR, j’avais le sentiment qu’on faisait bien partie de la même équipe. Nous avions identifié les mêmes objectifs, les mêmes enjeux et nous étions contents de travailler ensemble. »

Ensuite, nous souhaitions offrir aux cadres un lieu d’élaboration pour mener un travail transversal au sein de l’association, autour des impacts de la réorganisation. La mise en œuvre du nouvel organigramme avait été assez directive et descendante : notre souci était de permettre aux cadres de prendre appui sur les réflexions de leurs collègues pour améliorer les articulations entre directeur de secteur et directeur de dispositif, et entre directeur de dispositif et adjoint de direction.

Nous voulions aussi proposer un lieu d’étayage sur les pratiques de management. Pour tout cela, nous avions besoin d’un accompagnement extérieur.

Comment cet accompagnement s’est-il mis en œuvre ?

Bruno Chantre, mon prédécesseur, a fait appel à Nicolas Maigrot dont il avait eu l’occasion d’apprécier les méthodes et les compétences. Après une phase d’exploration et de construction du dispositif d’accompagnement, Nicolas nous a proposé de travailler en binôme avec sa consœur Martine Mainenti, coach également.

L’accompagnement proposé par les deux coachs a démarré début 2020.
Il comprenait plusieurs volets :

  • Un accompagnement du CODIR.
  • Des séminaires de cohésion d’équipe pour certains collectifs de direction.
  • Un cycle « d’ateliers du management » rassemblant tous les cadres managers, en petits groupes transversaux et par niveaux hiérarchiques.
  • Enfin un séminaire réunissant la direction et l’ensemble des cadres.

 La crise sanitaire, qui a éclatée en mars 2020, a perturbé nos plans. L’accompagnement de Nicolas et Martine s’est allongé dans le temps et est venu nous soutenir dans cette période difficile. Nous leur avons par exemple demandé d’animer des temps de retour d’expérience, qui ont été très appréciés, sur le vécu du confinement par les équipes d’encadrement et le même exercice a été proposé aux équipes d’une de nos structures particulièrement déstabilisées par la crise sanitaire.

« J’apprécie le calme et la capacité d’analyse et de rebond de Nicolas : par ses messages discrets, pertinents et efficaces, il suscite des remises en question et ouvre des possibles, en veillant toujours à ce qu’un cadre de bienveillance soit respecté. »

Nous avons finalement peu interrogé notre organisation pendant tout ce temps, d’autant plus que Bruno Chantre, le directeur général, a annoncé son intention de partir à la retraite.

J’ai pris sa succession en septembre 2021. Le séminaire que nous avons tenu quelques semaines plus tard avec l’appui de nos deux coachs a été l’occasion de faire un passage de relais entre nous et d’ouvrir une nouvelle séquence avec l’ensemble des cadres, pour réfléchir à la manière dont nous pouvons agir collectivement sur l’organisation pour lui donner plus de souplesse.

« Nicolas et Martine utilisent des outils simples et visuels qui facilitent la co-construction et la participation de chacun. Ils permettent d’organiser et d’exprimer autrement notre pensée collective, ce qui est très vivifiant. »

Qu’avez-vous particulièrement apprécié dans l’accompagnement de Nicolas et Martine ?

Le choix de Nicolas Maigrot étant celui du DG, on a pu sentir dans le CODIR quelques appréhensions au départ : est-ce que c’était le bon intervenant, est-ce que ça allait matcher avec nous ? Je dois dire que dès le premier séminaire CODIR la mayonnaise a pris avec Nicolas et Martine.

J’ai apprécié le fait qu’ils rencontrent en amont chaque directeur et qu’ils prennent le temps, lors des séminaires CODIR, d’explorer nos questionnements à propos de nos interactions et de nos points de fragilité.

« Permettre la libre expression de chacun était un enjeu essentiel dans la mise en œuvre du dispositif, et c’est ce que nos deux accompagnants ont réussi à faire. »

Concernant les différents séminaires avec les équipes de direction des secteurs et des dispositifs, leur accompagnement a permis de définir des modalités de travail en commun, de renforcer l’identité et la cohésion des équipes de direction.

Concernant les groupes d’échange entre cadres, outre le travail autour des pratiques de management, qui est resté confidentiel, ils ont permis de faire remonter des précieux questionnements pour approfondir le dialogue entre CODIR et encadrement. Permettre la libre expression de chacun était un enjeu essentiel dans la mise en œuvre du dispositif, et c’est ce que nos deux accompagnants ont réussi à faire.

Que retenez-vous de cette expérience ?

Tout d’abord, l’accompagnement de Nicolas Maigrot et Martine Mainenti nous a permis de mesurer l’importance de notre engagement collectif : l’ensemble du management doit se penser de façon collégiale, avec tous les cadres, en lien avec l’organisation globale de l’association.

Ensuite, il nous a permis de faire un pas de côté par rapport à notre quotidien et de réfléchir ensemble différemment. Le fait d’avoir appris à travailler ensemble tout au long de ce processus nous a rendu plus à l’aise pour réfléchir collégialement à notre organisation et voir comment l’ajuster dans l’avenir.

Ces espaces privilégiés sont importants et prennent sens à partir du moment où ils sont
bien accompagnés, comme cela a été le cas avec Martine et Nicolas.

Propos recueillis par Caroline Moretti, www.passeurdhistoires.fr

Témoignage d’Isabelle Allègre,
adjointe de direction

« J’ai apprécié de pouvoir déposer ce que je vivais dans un espace sécurisé où je m’autorisais à être moi-même. Un lâcher prise salutaire ! »

Entretien réalisé par Caroline Moretti.

J’ai pris mes fonctions de directrice pédagogique à l’Institut de Formation de Masseurs Kinési-thérapeutes pour Déficients de la Vue (IFMK-DV) en février 2021 et la direction des PEP 69 m’a proposé d’intégrer l’un des groupes d’échange de pratique entre adjoints de direction, animé par Nicolas Maigrot. C’était intéressant pour moi de rencontrer mes pairs et de prendre conscience de l’ampleur globale de l’association à laquelle j’appartiens, car notre établissement a un statut un peu à part et nous avons peu de relations avec les autres structures.

Au début j’ai beaucoup écouté, observé. J’ai apprécié de découvrir les êtres humains derrière les fonctions, loin de l’image rigide, protocolaire et désincarnée qu’on prête souvent aux cadres de direction. Nous échangions en toute humanité entre pairs, avec nos complexités, nos ressentis, nos vulnérabilités et nos contradictions.

« Certaines séances étaient fortes en tension et en émotions mais Nicolas remettait tout cela dans un contexte plus large qui nous permettait de prendre du recul. »

J’ai apprécié aussi que Nicolas Maigrot utilise des jeux de cartes avec des images, je trouve que c’est une bonne manière de mettre des mots sur nos ressentis.

Cela m’a encouragée à partager mes propres problématiques. J’ai apprécié de pouvoir déposer ce que je vivais dans un espace sécurisé où je m’autorisais à être moi-même. Il n’y avait pas toujours de solution aux problématiques que

j’amenais mais l’essentiel était de pouvoir dire ce que vivais et d’être écoutée. J’ai gagné en recul et en confiance.

« Régulièrement j’essaye de me souvenir des apports de Nicolas Maigrot, de la façon dont il s’approprie les situations que nous amenons pour en faire quelque chose de plus universel, afin que chacun en retire quelque chose. C’est aussi une posture, une façon qu’il a d’écouter et de reformuler ce qu’on dit, en faisant la part des choses entre le ressenti émotionnel et les faits. »

Les temps d’échange que nous avons vécus ont créé des liens entre nous, adjoints de direction, et nous permettent d’aller plus facilement les uns vers les autres. J’aimerais pérenniser ce genre de dispositif, ça me permettrait de sortir de mon quotidien et de continuer à échanger avec mes pairs tout en me nourrissant des apports de Nicolas.

En tant que cadre, on passe beaucoup de temps à se remettre en question et à se dire qu’on n’est pas assez bon. Le manager doit avoir toutes les qualités et réponse à tout. Si quelque chose dérape, c’est sa faute. Quelle pression ! Ce groupe d’échange mené par Nicolas m’a permis de me rappeler que personne n’est parfait, que chacun a ses difficultés et ses points d’amélioration, et qu’on ne maîtrise pas tout dans un système. C’est un lâcher prise salutaire !